Vous êtes-vous déjà posé cette question sur la méditation Bouddhiste ?

  • Lors de mon récent voyage en Thaïlande, j’ai fais une mini-retraite de méditation à l’International Meditation Center à Chiang Mai. L’expérience de méditation a été très TRES instructive et j’en ai retenu une chose….  : je serai incapable d’être un moine bouddhiste !!

    J’ai toujours eu du mal avec les extrêmes même si, dans ma vie, j’ai pu parfois (heu… souvent) être extrême dans mes approches, que ce soit dans le développement personnel, mes convictions sur le monde, mes régimes alimentaires, ma pratique du sport, etc. (nous avons tous nos paradoxes non ? ;-))

    Plus je continue mon chemin, plus je réalise que le « juste » réside dans l’équilibre des choses et l’épanouissement dans le subtil mélange des forces opposées. Car adopter un extrême semble souvent mener ensuite à l’extrême opposé. Tenez, prenez les fumeurs/fumeuses par exemple. Il n’y a pas anti-fumeur/fumeuse plus radical(e) qu’un ancien fumeur.

     

    méditationboudhistethailande

    Le centre de méditation Bouddhiste à Chang Mai

    Les bienfaits d’un cadre pour méditer

    Le fait de méditer à heures fixes, d’avoir des rituels et une discipline accroit l’efficacité de la pratique.

    C’est peut-être quelque chose que vous avez remarqué dans votre vie  : lorsque vous êtes régulier(e) et discipliné(e) sur une activité, comme par exemple faire du sport, vous vous améliorez plus rapidement et il est plus facile de continuer à pratiquer.

    Du coup, notre emploi du temps ressemblait à ça :

    • lever 5H et à 5H30, chants matinaux
    • Une pratique de la méditation : nous avons vu les 4 postures : assise, debout, en marchant et la méditation couchée (position dans laquelle certains ronflaient en moins de 2 ! :-).
    • Vers 7H15 : petit déjeuner : avant chaque repas, on bénit la nourriture par des phrases puis on mange en silence, afin d’être conscient de chaque instant.
    • 8H30-10H : Séance de méditation
    • 10H30-12H : Séance de discussion avec les moines, sur leur vie, leur pratique, leurs difficultés d’être moine, etc. (échanges hyper intéressants et éclairants !).
    • 13H30-15H : Séance de méditation (différentes postures)
    • 15H-17H : Libre
    • 17H-19H : Séance de méditation
    • 19H : Repas (Bénédictions)
    • 20H-21H30 : Dernière séance de Méditation
    méditation-boudhiste

    Séance de méditation Vipassana du matin

     

    La difficulté de l’Ordination

    Vous vous êtes peut-être déjà assis(e) sur une chaise ou par terre, en posture de méditation, pour tenter de ne plus penser à rien. Ou, plus exactement, pour tenter d’observer vos pensées et de ne plus vous laisser entrainer par elles. Vous avez du remarquer à quel point notre esprit est par nature agité et combien nous plongeons pleinement dans nos pensées, sans le recul de l’Obervateur. C’est ce recul que la méditation essaie de cultiver.

    Le moine nous expliquait que l’accès à l’Illumination est long et ardu, et qu’il faut méditer toute sa vie pour, peut-être, atteindre l’état d’Eveil. C’est le seul moyen de transcender sa condition humaine, la seule façon de ne plus être esclave de ses émotions. Débarrassé de tout attachement à la souffrance mais aussi au plaisir, l’esprit est libre, entièrement éclairé.

    Les moines s’appliquent donc à méditer énormément et je leur en suis reconnaissant car, en travaillant si profondément sur eux (à la façon bouddhiste bien sûr) et en dégageant autant d’énergie  de compassion et de vibrations d’équanimité, ils équilibrent les forces du monde et compensent les excès de colère, de violence, de guerre, de meurtres présentes sur cette terre. C’est en tout cas ma croyance.

    En s’interrogeant sur le bien-fondé de leur pratique, certaines choses me perturbent : voici la principale.

    Une question qui me titille…

    Ils sont privés de certains besoins fondamentaux : ils ne peuvent pas avoir de femme, ils ne peuvent pas « prendre soin d’eux » en se regardant dans le miroir ou se coiffant (c’est pour cela qu’ils sont rasés d’ailleurs), ils n’ont pas le droit non plus de s’amuser et d’avoir des instruments susceptibles de dissiper leur pratique (les choses comme un Iphone sont source d’égarement).

    Notre moine avait justement un téléphone portable, nous lui avons fait remarquer 😉 Il nous a expliqué que tout dépendait de l’intention de l’utilisation : il leur est possible d’avoir un téléphone si c’est pour des actions qui vont dans le sens de « la Voie » (trouver un moyen de se déplacer pour aller dans un autre temple ou communiquer avec leur famille qu’ils ne peuvent voir qu’une fois par an par exemple).

    Or, à mon sens, dès lors qu’on prive quelqu’un de ses besoins fondamentaux (je ne parle pas de désirs ici, mais bien de besoins), on les expose à des réactions en contre-partie. Comme en France dans certaines églises, il y a certains problèmes d’attouchements sexuels en Thaïlande impliquant des moines.

    Vous savez, à un degré moindre, c’est ce que vous ressentez si vous vous privez de desserts pour un régime et que vous êtes dans la frustration : 4 jours plus tard, le risque de vous gaver de sucre est bien plus grand.

    Voici alors l’aspect qui me fait le plus question : la pratique vise à suivre les enseignements du Bouddha Gautama et à atteindre l’illumination que lui, a atteinte puis enseigné. La méditation a pour finalité d’atteindre le Nirvana et ne plus revenir en tant qu’incarnation humaine sur la terre. Les moines considèrent donc que le besoin de reproduction n’est pas un besoin à combler et, cherchant à suivre les traces du Bouddha Gautama, ils ne nourriront jamais ce besoin.

    Mais le Bouddha Gautama lui, l’avait comblé ce besoin ! Il était père et avait un fils. Il a connu également la fortune (il vivait en autarcie dans un palais) et c’est en découvrant la misère du monde à l’extérieur (on retrouve ici le passage d’un extrême à l’autre) qu’il a cherché à y mettre fin.

    Le Bouddha Gautama a atteint l’illumination mais il avait au préalable, « assouvi » ses besoins humains fondamentaux (se nourrir, se reproduire). Il avait donc « rempli » et comblé la partie « programmée » et très profondément ancrée en nous, consistant à assurer la survie de notre espèce.

    Atteindre l’illumination après avoir connu l’inverse peut ainsi sembler une démarche plus « véritable » que le fait de devenir moine à 8 ans et de ne connaître que ça toute sa vie. Je me pose ainsi la question : plutôt que de priver les moines (et d’une façon générale les gens) de certains de leurs besoins, ne vaudrait-il pas mieux

    Faut-il obligatoirement être un ascète pour atteindre l’Eveil, l’illumination, l’Enlightenment ? Qu’en pensez-vous ? Ecrivez en commentaire votre point de vue, nous pourrons ainsi échanger ! 

     

    9 commentaires

    1. Remarque finale pleine de bon sens ! Les moines renoncent à tout pour espérer un jour atteindre l’illumination alors que le bouddha à atteint l’illumination et de ce fait c’est détaché de toute valeur physique. Ce n’est pas grâce à la frustration qu’il a atteint la bouddhéité.Le renoncement est une conséquence, pas une cause.

      • Bonjour Verardi,

        « Le renoncement est une conséquence, pas une cause », c’est bien dit !

        On voit effectivement que la démarche est inversée… Je n’ai pas pu poser la question aux 2 moines qui nous formaient, j’aurais bien aimé avoir leur vision !

    2. Bonjour Greg,

      Renoncer à la vie c’est être déjà mort non ? Difficile dans ce cas de s’éveiller.

      Bien à toi

      Pierre

      • Coucou Pierre,

        C’est très bien amené effectivement !
        Renoncer à toutes ces choses signifie déjà mourir un peu. Ils sont vraiment conscients de la difficulté de la vie de moine. Ils peuvent d’ailleurs y renoncer n’importe quand si c’est trop dur.

        Et comme tu le soulèves bien… l’Eveil est-il vraiment au bout de CE chemin là ?

        Bien amicalement,

        Grégory

    3. berbernomade

      Salut a toi intrepide voyageur!
      Tu pointes une contradiction qui existe souvent dans les religions. D’un coté, le « fondateur » qui a atteint l’eveil par son propre travail, qui s’est libéré lui meme. De l’autre coté les « eleves » qui ne peuvent pas faire l’experience directe de l’etat interieur du maitre, et qui s’arretent trop souvent a la forme exterieure en voulant l’imiter. D’ou plethore de regles! qui peuvent etre dangeureuses quand elles s’appliquent rigoureusement sans l accord vrai des eleves…enfin je dis ca j’dis rien!
      ps: si j’ai bien compris tes besoins fondamentaux seraient,(je cite) une femme, un peigne et un iphone? 😉

    4. Fred

      Bonjour,
      Les moines bouddhistes comme les moines catholiques jugent nos envies et désirs vides de sens par rapport à la plénitude qu’ils retirent de leur pratique mais je suis d’accord avec vous, je préfère jouir de la vie ici et maintenant plutôt que d’espérer un hypothétique éveil.
      J’ai lu « Walk & Win » c’est vraiment innovant comme méthode, je la pratique sur mon vélo fixe presque tous les matins et je sens mon courage et ma détermination grandir.
      La traduction en anglais est ok mais dans les tournures de phrases ont sent bien que ce n’est pas un « native » qui a écrit ce livre.
      J’habite Marseille et si vous faite un atelier de marche active sur les pentes de la Sainte-Victoire je viendrai avec plaisir.

      Cordialement

      Frédéric

    5. Bonjour Grégory,
      Félicitations pour ton périple en Thaïlande !

      Faut-il obligatoirement être un ascète pour atteindre l’Eveil, l’illumination, l’Enlightenment ?

      Pour moi, il s’agit d’une histoire de contexte. Il fut un temps où cela était juste d’être en haut d’une montagne ou au fin fond d’une forêt pour « se réaliser » un peu plus, car l’humanité possédait un champ vibratoire assez bas et donc cela n’était pas facile. Aujourd’hui l’humanité possède un niveau vibratoire et un champs de conscience qui ne cesse de croitre, amenant de fait à revisiter certaines approches.

      La plupart des maîtres que tu as rencontrés ne vont pas ou peu dans les villes, car leur structure ne leur permet pas de garder une unité et une intégrité tout en étant respectueux et écologique pour leur environnement. En d’autres termes, ils créent de distorsions vibratoires à la limite de l’ingérence dès qu’ils se déplacent dans une ville.

      En revanche, toi et bien d’autres, que l’on pourrait qualifier de nouvelle génération de maître ou maitres des cités, arrivent très bien à faire converger cette énergie et le flot de l’énergie humaine. C’est juste une question de génération de maitres.

      De même les maitres des cités ont aujourd’hui assez de présence à eux pour rentrer dans la voie du couple tout en continuant à avancer sur eux. Cela faisait partie des enseignements « plus discrets » autant du Christ (avec Marie Madeleine) que de Bouddha. Tous deux à 33 ans ont signifié que désormais, après avoir atteint un certain niveau d’éveil, la voie du couple était la voie à mener et qu’elle était bien plus ardue car inclusive à tous les niveaux.

      Donc pour moi, non il ne convient pas d’être ascétique pour atteindre l’éveil mais de résider dans la conscience universelle, l’amour inconditionnel et la présence multidimensionnelle. Bref à mes yeux l’heure est à la convergence, l’inclusion (et non plus l’exclusion) et à l’unité; même si cette dernière émerge d’une matrice de séparation, elle n’en demeure pas moins être le prochain stade d’évolution dont nous faisons tous partie.

      L’attachement à l’ascétisme reste un attachement tant qu’il n’est pas quelque chose de naturel pour l’individu, y compris pour des moines.

      Dans le film Samsara, cette question est évoquée.

      Bien à vous tous et bonne méditation

    6. bonjour Gregory,

      voilà: je médite depuis ma plus tendre enfance…aussi loin que mes souvenirs peuvent me ramener…d’abord par la contemplation, puis, dès l’âge de 14 ans avec du Yoga, où il me manquait un vrai « maître » de meditation… il y a seulement quelques années, de retour en métropole , que j’ai compris la difficulté de méditer pour un occidental (je suis eurasienne)…ces pensées qui ne cessent! c’était nouveau pour moi!bon, j’ai retrouvé mon calme depuis et ma facilité à méditer, mais je suis heureuse d’avoir découvert l’inverse des autres!
      pour votre question:
      oui, pour ne plus vouloir quelque chose, il faut l’avoir goûté, et avoir choisi dans un deuxième temps de s’en detacher…sinon, ça ne colle pas! on n’a pas fait l’expérience! et comment aider les autres si on ne connait pas « de l’intérieur » la sensation qu’ils peuvent avoir?
      il ne faut jamais « forcer » les choses: attendre que le fruit mûrisse à sa vitesse: faire le choix de méditer si cela procure du plaisir, et le faire progressivement (sinon, c’est l’indigestion!)
      adapter des astuces de meditation pour cette société occidentale où l’on manque de temps…pas forcément assis sur un tapis en ayant mal partout!suivre son rythme et adapter l’approche permet le plaisir de la pratique de cet art…et un veritable bien-être, avec la joie et des éclats de rire: être vivant n’est pas terne.

      quant au couple: c’est là aussi une voie pour se voir et avancer, apprendre le veritable amour, de l’autre et de soi… la famille nous oblige à progresser…vers l’illumination aussi!
      à chacun son chemin, l’important est d’écouter en profondeur son Coeur et non sa raison…

    7. Arnaud

      Bonjour, existe-t-il une relation entre la laicité et le bouddhisme?
      Merci

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