Comment accomplir de grands projets quand on n’a pas de volonté ? (article invité)

  • La volonté est une qualité sans cesse mise en avant pour expliquer les plus beaux succès : 

    • Arrêter de fumer
    • Ecrire son propre livre
    • Créer sa propre entreprise

    Aussi dit-on souvent : « Quelle chance d’avoir autant de volonté ! » aux personnes qui accomplissent ce genre d’exploit.

    Certes, savoir se focaliser sur un objectif et rester concentré jusqu’à la ligne d’arrivée est une qualité enviable.

    Mais saviez-vous que ce n’est pas qu’une affaire de volonté ?

     

    Stopper la procrastination

    Stopper la procrastination ça vous tente ?

    Le mythe de la volonté toute puissante

    A vrai dire, la volonté est une ressource qui s’épuise très vite.

    En psychologie, les chercheurs se sont amusés à mesurer sa longévité à l’aide de plusieurs expériences :

    • Résolution de casse-têtes
    • Refoulement d’émotions, par exemple : retenir son rire en regardant un film comique
    • ou encore lecture de mots colorés, représentant une couleur différente, par exemple : lire le mot vert qui est écrit en rouge

    Suite à ces exercices éprouvants, la volonté est durablement affaiblie. Même les personnes les plus brillantes en ressortent mentalement épuisées.

    Et puis il y a la fameuse expérience du chamallow. Vous savez : celle où on demande à un enfant en bas âge de rester tout seul planté devant un chamallow. S’il arrive à ne pas engouffrer le chamallow pendant un quart d’heure, il reçoit un second chamallow en récompense.

    Il paraît que le résultat de cette expérience aux allures de torture détermine le succès futur des enfants dans leurs études et leur carrière.

    Personnellement, j’aurais probablement fait partie de ceux qui mâchouillent légèrement le premier chamallow, espérant que cela ne se remarque pas trop pour pouvoir obtenir la récompense :)

    En d’autres termes, ma volonté est plutôt modeste. Mais, j’ai quand même réussi à accomplir quelques exploits.

    Car depuis 2007 j’ai réussi à :

    • Publier un article par semaine sur mon blog
    • Créer une communauté grandissante de mordus de développement personnel
    • Animer un évènement collaboratif d’écriture d’articles qui en est à sa 54ième édition

    Tout cela en dehors de mon activité salariée principale.

    Quel est mon secret ? Pour moi, l’explication ne réside pas dans la toute-puissance de ma volonté.

    Pour pouvoir tenir sur le long terme, j’ai plutôt appris à l’économiser. C’est le résultat d’un conditionnement que j’attribue à trois ressources que nous allons voir ensemble.

    1. Les habitudes

    Les habitudes sont un mécanisme très précieux pour économiser la volonté. Sans elles, nous serions rapidement noyés sous le poids des décisions à prendre pour accomplir nos actions quotidiennes.

    Plusieurs habitudes m’aident à rester concentré sur mes tâches. L’une de mes préférées est d’établir un rituel matinal qui m’aide à faire le point chaque jour sur l’avancement de mes tâches.

    Pour cela, j’utilise un pense-bête : une check liste de points que je barre chaque jour à mesure que je les réalise. Cela m’aide à structurer mes journées.

    Cette petite revue matinale me permet aussi de décider quelles seront les tâches les plus importantes à réaliser. Ces tâches importantes sont en général les plus pénibles, celles qui consomment le plus de « volonté ». Et comme je sais qu’à mesure que la journée se passe, j’accumule la fatigue mentale, je m’arrange pour les réaliser le plus tôt possible.

    Enfin, j’ai pris l’habitude de noter avec exactitude les étapes qui m’ont permis de réaliser telle ou telle tâche pénible. Ce véritable « livre de recettes » me permet d’économiser mon énergie mentale lorsque je suis confronté plusieurs fois à une même épreuve.

    2. L’environnement de travail

    J’attache aussi beaucoup d’importance à mon environnement de travail.

    La raison est simple : l’esprit a besoin d’être guidé pour se focaliser sur des tâches constructives. En optimisant votre environnement de travail, vous canalisez votre énergie mentale pour éviter qu’elle ne se disperse.

    L’exemple typique est l’étudiant un peu bordélique, qui entasse ses livres et ses cahiers sur son bureau. Lorsque le soir il doit affronter cette vue décourageante, il a forcément du mal à se mettre au travail.

    Au contraire, si vous appliquez la technique du bureau lisse en définissant un emplacement réfléchi pour chaque chose, vous allez économiser votre volonté.

    Cela est valable aussi pour les outils que vous utilisez. Sur mon blog, je suis connu pour user et abuser des « applications portables », ces logiciels qui peuvent être exécutés directement à partir d’une clé USB. L’intérêt est de retouver encore et encore mes logiciels favoris sur n’importe quel ordinateur.

    Au bureau, dès que j’allume mon ordinateur, je connecte ma clé USB. Et j’ai accès au même environnement de travail « informatique » qu’à la maison.

    3. L’environnement social

    Enfin, l’environnement social joue un rôle crucial sur notre volonté. Car en tant que créatures sociales, nous sommes façonnés par nos interactions avec les autres.

    Voici trois manières d’utiliser vos interactions sociales pour soutenir votre volonté :

    1- Le préengagement

    En vous engageant auprès d’une audience ou d’une autorité sur un objectif, vous allez très naturellement agir chaque jour pour tenir cet engagement. Car c’est votre réputation qui est en jeu.

    Personnellement, je m’engage souvent sur mon blog pour réaliser certains défis. Par exemple en janvier dernier, j’ai pris la résolution de méditer pendant 30 jours.

    Et devinez quoi ? J’ai continué sur mon élan jusqu’à aujourd’hui. C’est devenu une habitude solidement ancrée dans ma vie.

    2- Le travail en équipe

    En tant que salarié, j’exerce le métier de développeur informatique, et j’ai aussi à ma charge une petite équipe de développeurs que je forme et dont je gère les activités.

    Pour avancer plus rapidement sur certaines tâches pénibles, nous utilisons la technique du « pair programming ».

    Le principe est simple : on se réunit à deux devant un ordinateur, et on code ensemble. Tantôt mon coéquipier prend les commandes, auquel cas je m’assure de la qualité du code. Tantôt c’est moi qui m’y colle, et mon coéquipier vérifie ce que je fais.

    Cette pratique s’apparente à une course de relais : nous réalisons chacun à notre tour un effort mental conséquent pour arriver ensemble à bout des travaux les plus fastidieux.

    3- Le coaching mutuel

    Enfin le coaching mutuel est une manière économique d’avancer sur ses projets personnels.

    En pratique, on s’associe à une autre personne désireuse d’avancer sur ses objectifs personnels. Et on se donne un rendez-vous hebdomadaire pour faire le point sur nos progrès. Cela peut se faire par email, par skype ou en personne.

    Cette association permet de prendre un rythme soutenu pour avancer sur ses objectifs sous l’oeil bienveillant de son associé.

    D’une façon générale, arrangez-vous toujours pour avoir des retours réguliers de la part de vos clients. Quand je parle de client, je ne parle pas forcément de personnes qui ont payé pour votre service.

    Je parle de toute personne impliquée de près ou de loin dans votre projet. Pour chaque tâche que nous faisons, il y a toujours moyen d’en trouver.

    Ainsi en glanant les retours de ces personnes, vous avez un indicateur qui vous permet de confirmer vos intuitions et de voir si vous progressez convenablement vers votre objectif.

    Si vous avez aimé cet article, vous retrouverez de nombreuses idées supplémentaires pour améliorer votre autodiscipline dans mon prochain livre Agir pour de bon, un projet que je viens de lancer et auquel vous pouvez actuellement participer.

     

    alexandre_philippe

    Alexandre Philippe

    Alexandre Philippe est l’auteur du blog C’éclair ! L’efficacité au quotidien, un blog créé en 2007 qui vous aide chaque semaine à rester scotché à vos objectifs. Il anime également la plateforme Developpement Personnel.org, la communauté des passionnés de développement personnel.

    7 commentaires

    1. Merci Gregory de m’avoir permi de m’exprimer ici !!

      N’hésitez pas à me poser des questions dans les commentaires si vous désirez plus d’infos sur certains points :)

      • Avec grand plaisir mon cher Alexandre ! Tu reviens quand tu veux sur V2V, tu es toujours le bienvenu :-)

    2. Valérie

      merci, cet article est très intéressant, les habitudes surtout, une fois qu’on a réussi à en ancrer de nouvelles, on est enfin sur la bonne voie! J’ai lu qu’il fallait 21 jours pour cela, vous etes de cet avis?
      bonne journée à tous

      • Hello Valérie ! Oui j’ai souvent entendu cela. Maintenant je doute qu’il y ait une durée fixe, ça doit déprendre de quelle habitude on parle.

        Ca ne m’étonnerait pas que ce délai soit tiré d’un vieux papier scientifique qui parlait d’une habitude particulière :))

        A mon avis, ce qu’il faut surtout pour prendre une habitude, c’est un déclencheur, quelque chose qui nous rappelle encore et encore de faire cette activité.

        Personnellement, j’utilise pour dormir un logiciel qui mesure mes phases de sommeil profond. Il est installé sur ma tablette que je glisse sous mon drap à côté de moi.

        Or il se trouve que ce logiciel fait aussi un excellent réveil puisqu’il a une sonnerie où on entend des vagues.

        Comme j’utilise cette sonnerie pour m’éveiller tranquillement de mes séances de méditation, c’est mon déclencheur qui me permet le soir de me rappeler si j’ai fait ou non ma séance de méditation du jour :)

        • Salut Alexandre,
          Juste pour préciser, c’est bien 21 jours pour la plupart des habitudes. :)
          Dans son livre Psychocybernétique (1960 je crois), Maxwell Maltz explique qu’il faut 21 jours pour faire évoluer son image de soi, ça vient de là je crois. :)

          Mais c’est vrai que ça dépend des habitudes, c’est assez faciles si elles vont dans le même sens que nos autres habitudes, c’est plus compliquées si elles vont à l’opposée de nos anciennes habitudes.

          Je crois qu’il y a eu une étude récente sur le sujet et il faut considérer 21 jours comme étant un minimum.

          Pour un changement d’habitude raisonnable ou facile, on peut dire qu’il faut 21 à 30 jours.

          Pour des habitudes difficiles ça peut prendre 2 ou 3 mois, voire plus (ça dépend aussi des personnes).

          Personnellement, je pars du principe que si on se prépare vraiment bien pour mettre en place une nouvelle habitude raisonnable, on peut le faire en 30 jours.

          (J’ai écrit un guide pour mettre en place une nouvelle habitude en 30 jours – téléchargeable pour les membres de mon blog – si tu veux, je te l’envoie…)

          Benoît

    3. Bonjour tous les 2.
      Dans le domaine du bloging, les habitudes sont tout à fait importantes pour prendre un rythme et le tenir sur plusieurs années. Ecrire des articles, relire les commentaires, se documenter, suivre les évolutions techniques…

    4. Bonsoir Alexandre,

      Article très intéressant. En bref il faut être actif dans la vie, être ambitieux et avoir mental positif pour ne pas lâcher en pleine route :)

      Merci pour tes conseils et au plaisir de te relire !

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