Pourquoi votre expérience ne sert probablement à rien

  • Le week-end dernier, j’animais une formation de PNL.

    Lors des présentations, une des participantes a exprimé  une croyance intéressante : on ne peut être bon thérapeute qu’à partir de 55 ou 60 ans.

    Pourquoi ?

    Car on a de l’expérience.

    Je lui ai donc demandé ce qui l’amenait à penser ça, puis je lui ai expliqué que je n’étais pas forcément d’accord.

    Je souhaite remercier ici à nouveau cette participante car, en plus de m’avoir donné une idée d’article ;-), elle m’a permis de me mettre au clair sur ma propre vision des choses.

    C’est cette vision des choses que je souhaite partager avec vous.

    

    Expérience pour être thérapeute

    L’expérience signifie-t-elle compétence ?

    Remarque préalable

    Lors du séminaire, nous parlions des thérapeutes, et non des formateurs ou des coachs.

    Cette différence est importante à souligner même si, bien souvent en formation, les deux rôles tendent à se mélanger.

    Je suis aussi tout à fait conscient que ce sujet me concerne particulièrement : j’ai eu 30 ans il y a peu, et il est courant que je sois le plus jeune en séminaire…. alors que c’est moi qui l’anime 😉

    Au départ, je dois vous avouer que j’entretenais même une croyance limitante à cet égard :

    « que vont-ils penser lorsqu’ils verront que c’est un petit jeune qui anime ?

    Suis-je suffisamment crédible ? Ne vont-ils pas penser que je n’ai aucune expérience ?

    Ne vont-ils pas être froissés par le fait que ce soit un plus jeune qu’eux qui leur explique des concepts de vie si puissants ? »

    Bien sûr, j’ai travaillé sur cette croyance et je l’ai éliminée.

    Mieux encore, les différentes façons dont j’ai pu aider des personnes de tout horizon, me montrent que tout ça n’a rien à voir avec l’âge.

    Ni avec l’expérience ou le niveau de formation.

    Voici pourquoi.

    Les années qui passent ne sont pas synonyme de compétence

    Comme souvent, tout est affaire de contexte.

    Je vais naturellement forcer un peu le trait pour expliquer mon idée.

    Un thérapeute de 60 ans, né dans une famille plutôt aisée, ayant achevé ses études puis s’étant installé dans la même ville, et qui pendant 40 ans fait toujours la même chose, a pour moi une expérience qui ne sert à rien si elle ne s’inscrit pas dans une démarche d’évolution.

    À l’inverse, un thérapeute beaucoup plus jeune de 35 ans par exemple, né dans un contexte difficile, ayant éventuellement vécu des choses douloureuses (inceste, deuil, etc.) et ayant déployé toutes ses ressources pour surmonter ces difficultés et vivre une vie épanouie, a bien plus appris en quelques années qu’en 40 ans d’expérience.

    Le travail sur soi n’est pas quelque chose qui se mesure en années ou en expérience

    Il est tout à fait possible d’être formé à 36 méthodes et de ne pas les vivre ni les appliquer au quotidien.

    Il est tout à fait possible d’être formé à la communication non violente, d’en connaître parfaitement la théorie et de continuer à s’adresser aux autres d’un ton inamical, très sec et peu cordial (si si, j’ai des noms 😉 ).

    Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas un minimum de formation et d’outils pour devenir thérapeute.

    Simplement, dès lors que l’on a un bagage dans le domaine, ce n’est pas le fait d’empiler les diplômes ni les années d’expérience qui fera forcément de vous un meilleur thérapeute.

    Jim Rohn, dans son livre Stratégies de prospérité, illustre magnifiquement mon idée.

    « Le fait est qu’il est facile de se leurrer.

    Ainsi, il en est qui s’objecteront ici en disant qu’en dépit de leurs dix années d’expérience, il ne leur a pas été donné d’améliorer leur sort.

    Or, ce que ces personnes ignorent, c’est qu’elles n’ont pas dix ans d’expérience, mais bien plutôt une seule et même année d’expérience qu’elles ont répété encore et encore 10 années durant.

    C’est donc dire qu’en neuf ans, elles n’ont pas su innover et progresser de quelque façon que ce soit ».

    L’expérience n’est pas nécessairement un gage de qualité

    Il ne sert à rien d’avoir 20 ans d’expérience, si au bout d’un an ou deux on fait toujours la même chose pendant 20 ans.

    Je ne crois donc pas à l’expérience.

    Lorsque les gens tendent à se vanter devant moi de leur nombre d’années d’expérience (oui, ça arrive), je leur pose immédiatement la question : « qu’avez-vous inventé de nouveau chaque année dans votre travail ?

    Quels sont les formations que vous avez suivies chaque année pour vous améliorer ? »

    Nous connaissons tous trop bien la puissance de l’habitude.

    Nous savons tous que ces habitudes nous confortent dans l’immobilisme.

    Notre système nerveux est programmé pour nous faire rester là où nous sommes.

    Biologiquement (au niveau des cerveaux reptiliens et limbiques), nous sommes programmés pour stagner et ne pas évoluer.

    Car évoluer veut dire tenter de nouvelles choses que notre cerveau ne connaît pas. Or, si celui-ci ne connaît pas, il ne sait pas si ce que l’on va faire est OK ou non pour notre survie.

    Il déclenche par conséquent la réaction de peur.

    Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à lire l’article Pourquoi vous asseoir toujours à la même place freine votre réussite ? dans lequel j’aborde le sujet.

    Êtes-vous d’accord avec ma vision des choses ?

     

    16 commentaires

    1. tres bon article car je pense qu’on apprend à tout âge et qu’il faut toujours se former.Au fur et à mesure de nos formations il faut savoir changer des choses dans notre vie.Il faut passer aux actes .Il ne sert rien de se former si on ne l’applique pas.
      « Je ne sais pas ce que je ne sais pas »
      En plus nous apprenons au fur et à mesure des évènements qui se passent dans notre vie.

      Quand nous subissons un échec ou une épreuve il faut avoir le courage de rechercher les causes de nos échecs et quels sont les outils pour y rémédier .Il ne sait à rien de dire  » je n’y peux rien ,je n’ai pas de chance,c’est la fatalite; »

      Au contraire la chance se provoque à condition d’être positif et de bien réagir à ce qui nous arrive.

      Pour finir je vais vous donner ce conseil
      NEVER GIVE UP = N’ABANDONNEZ JAMAIS
      car des personnes ont échoué car ils ont abandonné à 2 doigts de la réussite!!!

      • Bonjour Marie Anne,
        Oui, j’aime aussi voir la vie comme une immense formation.
        La vie est apprentissage constant et permanent.

    2. Et pan, la petite claque dans la g… Merci toi!

      Je crois que revendiquer ses xx années de métier peut relever aussi d’un manque de confiance en soi…

      Bisous et bon congés!

      • Coucou MN,

        Je n’avais pas pensé à ça, effectivement, le nombre d’années peut être mis en avant pour cacher son manque de confiance ou son immobilisme.

        Merci pour les vacances, je pars dans 1H !!
        bisous, à tout bientôt.

    3. Comme tu le soulignes, il ne sert à rien de passer 20 ans à faire la même chose.

      Ce qui m’aurait dérangé avec le commentaire de ta participante, c’est le chiffre estimé de l’expérience nécessaire. Pourquoi 55-60 ans ?

      Je suis d’accord que dans son métier il faut avoir expérimenté un minimum pour bien s’en sortir, mais ce n’est pas le temps qui fait la valeur de l’expérience, c’est la diversité de celle-ci

      • Salut JY,

        Pourquoi 55-60 ans ?

        Ben cela était sa carte du monde : ses expériences de vie l’ont amené à penser ça.

    4. CHRISTIAN

      Bonjour

      Tout à fait d’accord avec toi , chacun puise son expérience en lui-même , un jeune de vingt ans dynamique apporte ce dynamisme comme expérience mais parce qu’il y a un mais , certains travails ne s’acquièrent malheureusement ou peut-être heureusement que par expérience ( on ne devient pas médecin du jour au lendemain ) par exemple reste que ta formule est très juste , plus on apprend plus on se forme . Merci pour ce bon article très expérimenté dans son contenu .

      • Bonjour Christian,

        Oui bien sûr, il ne s’agit pas de s’improviser medecin si on n’a pas fait les études pour !

        Mais un médecin qui a 25 d’expérience et qui vit sur ses acquis sera-t-il nécessairement plus expérimenté qu’un médecin qui n’a « que » 8 ou 9 ans d’expérience mais qui se forme régulièrement aux nouvelles avancées technologies en matière de soin ou qui reste ouvert aux nouvelles études ?

    5. Entièrement d’accord, cela me rappelle l’une des premières formations en Management que j’ai eu à 27 ans. On s’attendait tous à un quadra ou quinqua affirmé eh non c’est un petit jeune de 21 ans qui nous as formé tout un week-end et c’était l’une des meilleurs formations à laquelle j’ai pu assister dans ce domaine !!

      Par la suite dans mon job j’ai souvent eu à faire à beaucoup de banquiers de 50 ans qui se prenaient pour des dieux vivants et j’adorait m’amuser avec eux car en fait à part avancer dans les années ils n’ont rien fait :) ils se trouvaient donc déroutés par un petit jeune de 30 ans qui lui se formait :)

      Donc oui la valeur n’attends pas le nombre des années :)

      • Coucou Guillaume,

        ah ben voilà ! Merci pour ton exemple sur la formation en management, c’est excellent.

        J’aime beaucoup ta formule de « à part avancer dans les années ils n’ont rien fait » :-)
        Ils ont déjà avancé sur une chose, c’est un bon point lol

    6. Bonjour,

      Tu soulignes un point très important dans cet article qui est que si on a fait la même chose pendant 40 ans, on n’est pas si expérimenté que ça. On l’est bien évidemment dans notre domaine mais ça n’ira pas plus loin.

      Expérience est aussi synonyme de diversité. Plus on a un panel large de connaissance sur lesquelles on a fait face à des difficultés, plus on est apte à en parler et à apporter de la valeur ajoutée.

      Merci pour cet article :)
      Dorian

    7. Je te rejoins sur les idées exprimées dans cet article.

      Je vais aussi bientôt avoir 30 ans mais je suis vite allé travailler du coup j’ai maintenant près de 10 ans d’expérience dans mon métier dans lequel je n’ai pas arrêté d’évoluer du coup maintenant même si je reste l’un des plus jeunes de l’équipe j’ai la chance d’avoir de l’expérience et la compétence (mais je ne sais pas tout, j’en suis bien conscient et c’est pour cela que je cherche toujours à progresser).

      Un de mes collègues à certes plus de 20 ans d’expérience mais n’ayant pas cherché à se former en permanence aujourd’hui son sort n’est pas très clair … surtout que les lignes bougent vite dans l’informatique.

      • Salut Xavier,

        Si en plus dans ton cas tu as, et la diversité et l’expérience du nombre d’années, alors tu es au TOP :-)

        Je veux bien te croire qu’en informatique, au bout de 3 mois on est déjà dépassé par les nouveaux logiciels ou autres progrès qui sortent constamment !

    8. Salut Greg,

      Comme tu le soulignes l’évolution personnelle dépend effectivement du contexte.
      Dans l’absolu, il semble logique qu’une même personne ait évolué entre ses 20 ans et ses 50 ans. On dit que l’apprentissage est une adaptation à son milieu. Un milieu stimulant ou « hostile » conduit à une nécessaire adaptation, évolution. Ainsi, un ensaignant faisant ds cours dans un établissement très difficile sera obligé d’être plus performant et de se remettre davantage en question que s’il enseigne à des élèves faciles.

      Mais il y a tout de même un autre paramètre et non des moindres. C’est que considérer qu’une personne est plus compétente et a davantage d’expérience uniquement parce qu’elle est plus âgée, c’est nier totalement les différences entre les individus.
      Et il y a des êtres plus intelligents, plus créatifs, plus réactifs que d’autres… Et l’âge n’entre pas en compte dans ce domaine là. Mozart avait sans doute plus de talent à 7 ans que certains n’en auront jamais à 60.
      Prendre l’âge comme seul critère d’évaluation c’est donc, non seulement nier l’impact du contexte, mais aussi la valeur des individus eux-mêmes.

      Je me suis reconnue dans tes propos car lorsque j’ai eu mes premiers élèves, j’avais 21 ans et ils en avaient en moyenne 60. J’appréhendais un peu et finalement ce qui m’a permis de gagner en assurance c’est de posséder des compétences que eux n’avaient pas. (Tout comme un enfant pourrait certainement m’apprendre beaucoup en matière informatique 😉 )

      Bonne journée Greg

    9. AH

      « une des participantes a exprimé une croyance intéressante : on ne peut être bon thérapeute qu’à partir de 55 ou 60 ans. »

      « Bon », tout dépend de qui on parle. J’ai 24 ans. Mon thérapeute en a moins de 40. Je suis très satisfait de ses compétences et il m’aide bcp. C’est un « bon » thérapeute pour moi. J’ai rencontré d’autres thérapeutes plus âgés que lui qui ne m’ont pas autant aidé. Ce ne sont pas d’aussi bons thérapeutes pour moi (voire pas bon tout court).

      Je crois plutôt que cette dame répète des phrases toutes faites sur lesquelles elle n’avait pas vraiment réfléchi. Ou pire, qu’elle pense qu’elle ne sera pas bonne thérapeute avant 55-60 ans mais généralise abusivement aux autres. Ou pire, qu’elle veut que les autres ne se sentent pas « bons thérapeutes », histoire de pouvoir abuser du manque de confiance qu’elle leur induit (en se positionnant comme « bonne thérapeute », elle, ou par vice ou complexe d’infériorité).

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